L’équipage de Team Jolokia a pris le départ le samedi 3 août de la « Rolex Fastnet Race 2019 ». Cette mythique course offshore partant de Cowes au sud de l’Angleterre est une course exigeante, les conditions météo en Mer Celtique, même en plein mois d’août, peuvent être rudes. Une fois la ligne de départ passée, l’ensemble de la flotte a mis le cap sur la pointe de l’Irlande pour aller contourner le phare du « Fastnet » avant de rentrer le plus rapidement possible pour couper la ligne devant Plymouth.

Après seulement 2 jours,14 heures et 6 minutes et avoir relevé de nombreux défis techniques et humains, l’équipage aura réalisé plus de 643 milles. Il franchit la ligne d’arrivée devant Plymouth le mardi 6 août à 4h du matin en 23ème position dans sa catégorie en IRC0.

Récit,

Team Jolokia s’est aligné sur la ligne de départ de Cowes aux côtés des 372 autres bateaux, dont 41 en IRC zéro, la catégorie des plus gros bateaux dont Jolokia fait partie. La sortie du Solent, le bras de mer en l’île de Wight et l’Angleterre emprunté pour rejoindre la Manche est un enjeu particulièrement important. Les spécificités techniques de la zone sont immenses : le courant, les vents changeants, les bancs de sable ont demandé à Dana, la navigatrice, un travail préparatoire important et à l’équipage un effort physique intense.

Le vent de Sud-Est annoncé mollissant en milieu de nuit, a comme prévu, diminué vers minuit sans pour autant devenir nul. L’équipage entama peu après un passage des Îles Scilly, au près, avant de remonter travers au vent, en ligne droite, jusqu’au phare du Fastnet. L’équipage est arrivé au lever du soleil, le lundi 5 août, aux alentours de 6 heures du matin pour contourner ce mythique phare, un moment fort en émotion pour tout l’équipage se retrouvant pour un petit moment en dehors des quarts tous sur le pont à admirer ce qu’ils ont tant imaginé…

Puis, la descente fut rapide avec des surfs à près de 20 noeuds où certains bateaux plus typés pour ces allures prirent une certaine avance, mais l’équipage su maintenir une belle vitesse, pour arriver sous spi dans les eaux de Plymouth.

Des visages fatigués, un effort fourni immense, mais un équipage heureux s’embrassant de l’effort et du défi relevé, ensemble !

 

Continuez à nous suivre, journal de bord de la Rolex Fastnet Race 2019 à venir !

Ils racontent :

Jean-François, skipper : Équipage très motivé pour ce préparatoire à la Québec Saint-Malo. L’idée était de voir le chemin à parcourir pour se lancer dans une transatlantique, programme qui pourrait être à l’ordre du jour en 2020.
A l’heure du bilan, c’est satisfaisant nous avons fait un beau parcours ponctué de petits problèmes liés principalement à des petites erreurs techniques et à la fatigue. Il reste encore du chemin à faire mais c’est très encourageant. Le classement est à la hauteur de ce que nous espérions même si le manque de voiles de reaching nous a beaucoup pénalisé. Nous sommes passés par plusieurs phases du vent léger, du vent fort, du prés et du portant. Côté équipage les liens se renforcent, malgré les points de désaccords et les petites frictions qui sont normales à ce stade et inhérentes à la vie d’un groupe. Les gens ont appris à s’écouter et à se parler avec respect pour démêler les différents et c’est passionnant d’observer l’évolution positive du collectif!

Une chose est certaine même si côté technique nous devons encore progresser, côté humain ensemble nous pourrions affronter beaucoup de choses!

Dana, navigatrice : Le défi était de gérer les conditions météo par rapport aux spécificités de notre bateau et à nos voiles disponibles. Une des difficultés première fut notre absence de voile de reaching dans des conditions favorables pour celles-ci. Nous étions dans une classe avec des bateaux plus performants que le nôtre, nous avons alors dû nous rapporter à des concurrents réels en terme de performance et concevoir une tactique adaptée à cette réalité.

Victor, responsable cellule centrale : C’était impressionnant de passer la ligne de départ avec ces bateaux mythiques. Nous avons su tirer notre épingle du jeu grâce à un esprit d’équipe important et de l’engagement de chacun tout au long de la course. La course fut intense, physique notamment lors des longs bord de spi. Plus intense que d’habitude, mais d’une richesse incroyable !

Marjolaine, piano : Ce caillou, le Fastnet, est vraiment mythique, il faut le mériter pour en faire le tour. C’est tellement intense que le temps se dilate : ces 2 jours et 14 heures de course me font l’effet d’en avoir passé 5 en mer. Je suis extrêmement fière de ce que nous avons réalisé sur cette course. Malgré les conditions idéales, ça ne veut pas dire que c’était une course facile pour autant. On a vraiment bien réagi aux situations de crise. Notre solidarité est à l’épreuve de tous les obstacles que le parcours a dressé sur notre chemin !
Cet équipage a super bien fonctionné. L’ambiance positive a bord a été « contagieuse » sur la performance technique. Au piano, malgré quelques erreurs, j’ai eu la confirmation d’avoir encore progressé. Même avec la fatigue nerveuse et physique, j’ai su garder de la lucidité pour gérer les moments de « rush » !

Raphaëlle, équipière cellule centrale : Une superbe course, très riche en sensations ! Il y avait une grande flotte donc on a pu se mesurer aux autres concurrents. La concentration était au maximum ! Même s’ il y a eu des moments plus compliqués que d’autres, on a pu surmonter les difficultés pour pouvoir montrer notre unité. La motivation, la concentration et l’envie d’aller plus loin,  nous donne une vraie force !

Olivier, équipier cellule arrière : Après un départ (très) prudent, le vent et la tension sont montés rapidement. Quelques rafales mal orientées ont fait battre notre voile « Code zéro » lors de son affalage et il s’est déchiré dans le haut. C’est là qu’on a vu toute la détermination de l’équipage qui a travaillé de longues heures pour réparer, recoller, recoudre la voile, qui nous a bien servi pendant la nuit et un passage de vent plus faible.
Les quarts se sont mis en place, leurs enchaînements rythmant la vie du bord. Le phare du Fastnet est presque arrivé trop vite au lever du deuxième jour. Puis ce fut une descente rapide au travers puis portant jusqu’à l’arrivée, glissades sous spi dans la nuit noire.
Le passage de la ligne est toujours un moment particulier, mixte de bonheur et de délivrance, de joie de l’accomplissement de quelque chose de spécial et de tristesse liée de fin d’une aventure humaine.

Anna, responsable communication à bord : En tant qu’observatrice à bord, j’avais une position très différente pour une fois. J’ai vu un équipage très motivé, très engagé à donner le mieux, à donner tout ce qu’il avait. Le bateau en a été reconnaissant: il a filé fluide et content. On sentait bien sa puissance.
Et j’ai vu un équipage capable de garder la bonne humeur à bord à tout moment, malgré la fatigue ou la frustration. C’est un bel équipage qui essaye de mettre le respect au centre de la relation. On n’y arrive pas tout le temps, un peu parce que l’on a des façons différentes d’exprimer le respect, un peu parce que tout simplement chacun se cherche encore. A bord comme sur terre. Et cette recherche s’exprime clairement à bord: le bateau et l’équipage nous servent de miroir si souvent…

Valentin, numéro 1 : Heureusement que nous avions eu de nombreux entraînements, même si c’était la première collaboration avec le numéro 2. Naviguer avec d’autres bateaux augmente la volonté de bien faire ce qui peut générer une certaine forme de stress ( pas le droit à l’erreur). Ces conditions rendent les manœuvres moins fluides… Cette régate permet de soulever différents axes d’améliorations pour nos prochains défis !

Arthur, responsable cellule arrière : Le défi n’est pas tant d’aller tourner ce mythique phare que tout ce qui l’entoure. Tant l’humain que le matériel sont mis à rude épreuve. Les choses cassent, se déchirent comme notre voile -Code zéro-, que des problèmes naissent. Mais la force est dans leur gestion. Nous avons su être fort, être ensemble du début à la fin, dans la fatigue, l’humidité, le froid, la nuit, une mer formée et avec la concurrence nous talonnant. Ce défi est entièrement relevé, une très belle place devant des bateaux techniquement plus avancés avec des équipages professionnels. Nous avons su être ensemble, apprendre dans le collectif et être performant grâce à nos différences qui permettent de gérer dans l’écoute tous ces moments.

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